@d - Tshisekedi

À Bruxelles, le président congolais tord le cou à la vérité pour se draper dans la tenue du pacificateur.

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Félix Tshisekedi, le président congolais était un des premiers orateurs, ce jeudi, du Forum du Global Gateway réuni à Bruxelles pour deux jours.

Face, notamment, à ses pairs africains, et quelques-uns de ses voisins directs, il s’est lancé dans un discours qui a mis en avant sa vulnérabilité diplomatique, son manque de perception des réalités dans la région des Grands lacs et sa capacité à travestir certaines réalités.

Dans son discours, Félix Tshisekedi a tendu la main au président rwandais Paul Kagame. Face à son auditoire, il a lancé, la main sur le cœur, qu’” à aucun moment je n’ai affiché une attitude belliqueuse à l’égard du Rwanda, de l’Ouganda ou d’un autre de nos neuf voisins”. Dans le même élan, il a rendu “hommage au président angolais Joao Lourenço qui était à quelques encablures” d’aboutir dans le processus de paix entre le Rwanda et la RDC. Avant d’ajouter : “il n’est pas trop tard pour bien faire” et d’ajouter à l’attention de Paul Kagame que “pour faire la paix des braves” il donne “ordre aux troupes du M23 d’arrêter cette escalade qui a fait trop de morts”. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a aussi droit à ses éloges pour avoir mobilisé ses troupes, avec celles du Malawi et de la Tanzanie, au côté de l’armée congolaise dans cette guerre à l’Est. Il n’a pas non plus oublié l’émissaire de Donald Trump pour l’Afrique Massad Boulos, présent à Bruxelles.

En signe de bonne volonté, le président congolais a encore expliqué qu’il avait préparé un plaidoyer pour demander des sanctions contre le Rwanda. “Je le suspends pour le moment en attendant la réponse de Paul Kagame”.

Mémoire courte

Félix Tshisekedi oublie ici ses discours incendiaires proférés notamment lors de la campagne électorale de décembre 2023 où il promettait “à la première escarmouche” d’en finir avec le Rwanda, quand il présentait Paul Kagame comme un “Hitler” africain avec lequel il ne reparlerait qu’au ciel.

Le président angolais, de son côté, n’a pas dû en croire ses oreilles, lui qui avait en effet enregistré des résultats positifs entre Kigali et Kinshasa et qui a découvert alors qu’il l’attendait à Luanda, que Félix Tshisekedi lui tournait le dos et enterrait ses efforts de conciliation en s’envolant pour le Qatar.

Le voisin burundais, qui a déployé des milliers de soldats sur la frontière congolaise en soutien à l’armée de Kinshasa en pleine déconfiture, qui a enregistré des centaines voire des milliers de morts dans ce conflit, a dû apprécier les silences de Félix Tshisekedi. Même constat pour la Monusco dont les efforts et l’engagement ont été complètement passés sous silence.

« Tout le monde est déjà à Washington »

“Ce discours démontre que Félix Tshisekedi est complètement aux abois”, explique Bob Kabamba, politologue à l’université de Liège et excellent connaisseur de la région et de cette crise dans la région des Grands lacs. “Il a opté pour l’option militaire et il se rend compte aujourd’hui que cela ne donne aucun résultat. Pis, le M23 continue d’avancer et il progresse vite. En fait, toutes les options pour lesquelles il a optées ne fonctionnent pas. Il cherche juste à gagner du temps.”

Son appel à Paul kagame pour qu’il appelle au retrait du M23 ? “Toujours aussi surréaliste”, juge le professeur Kabamba. On se souvient que Joseph Kabila a été condamné à mort la semaine dernière parce qu’il est présenté comme le vrai chef du mouvement. Aujourd’hui, ce n’est plus Kabila le vrai chef mais Kagame. Il faut être un peu sérieux”.

Pour le politologue, Félix Tshisekedi, par cette sortie bruxelloise, “enterre définitivement les négociations de Doha entre Kinshasa et le M23. Il enterre aussi les négociations de Washington. Avec sa pseudo-main tendue, il appelle à un dialogue avec Kagame. Mais le Congo et le Rwanda sont déjà en dialogue avec Washington. S’il lance cet appel à Bruxelles, devant l’envoyé spécial de Donald Trump, il dit clairement à la face du monde qu’il ne croit pas à ses négociations. Avec ce discours, il fait comprendre aussi qu’il n’y a pas de place à ses yeux pour un dialogue intercongolais.”

Tshisekedi semble chercher à gagner du temps mais il risque de créer de nouvelles tensions chez lui. “Tout à fait. Comment voulez-vous que les militaires congolais, qui se battent sans moyen sur le terrain, soient motivés quand ils entendent ce revirement de leur chef suprême. Tshisekedi se met en danger. Le risque d’un coup d’État militaire augmente avec des propos de ce genre. Il montre à ses généraux qu’il ne croit pas en eux, il montre en fait toutes les limites de sa non-gestion de l’État congolais”.

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