@UE - Tshisekedi à Bruxelles
Félix Tshisekedi, le prince des contradictions
UN EDITORIAL DE MAGLOIRE PALUKU
Entre main tendue et discours belliqueux, le président congolais s’enferme dans une rhétorique confuse où le calcul politique semble l’emporter sur la cohérence d’État.
Le 9 octobre 2025, Félix Tshisekedi tendait la main à son homologue rwandais Paul Kagame pour ce qu’il appelait une « paix des braves ». Un geste présenté comme un tournant diplomatique majeur, une ouverture susceptible d’apaiser les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali.
Mais à peine la poussière de l’annonce retombée, le président congolais s’est employé à brouiller lui-même son message. À Bruxelles, devant une diaspora congolaise acquise à sa cause, il a tenu un discours en totale contradiction avec ses propos récents.
Un exercice d’équilibrisme raté
En huit minutes et cinquante-neuf secondes, Félix Tshisekedi a multiplié les contorsions verbales, justifiant tantôt sa démarche, tantôt la reniant, avant de s’enorgueillir d’avoir placé le Rwanda « devant ses responsabilités ».
« Si aujourd’hui on parle de dialogue à Washington ou à Doha, c’est un peu grâce à moi », a-t-il déclaré, cherchant à transformer un aveu de faiblesse diplomatique en démonstration d’habileté politique.
Devant un public composé majoritairement de militants de l’UDPS et de quelques sympathisants attirés par la mise en scène présidentielle, le chef de l’État a tenté de rassurer, sans convaincre.
Cette rhétorique hésitante illustre une constante de son quinquennat : l’art de dire tout et son contraire dans la même phrase, au risque de décrédibiliser la parole présidentielle.
Le Machiavel mal inspiré
Coiffé de son emblématique munyere, symbole de son parti, Tshisekedi a voulu se donner des airs de stratège machiavélique. Mais en réalité, son double discours traduit moins une manœuvre habile qu’une improvisation mal maîtrisée.
Machiavel écrivait : « Le grand prince doit savoir simuler et dissimuler. » Tshisekedi, lui, simule mal et dissimule peu. À chaque tentative de calcul politique, il révèle davantage la confusion qui entoure sa gouvernance.
Le faux débat du dialogue
Lors de sa sortie bruxelloise, le président a réaffirmé son rejet de certains « dialogues », sans préciser lesquels. Dans sa logique, seuls méritent discussion ceux qui partagent sa lecture de la crise, c’est-à-dire ceux qui pointent directement le Rwanda comme unique responsable.
Cette posture, qui écarte de fait les initiatives des Églises catholique et protestante, trahit une volonté de verrouiller le débat plutôt que de le construire.
Pourtant, dans un pays miné par la guerre à l’Est et la méfiance entre institutions, refuser le dialogue inclusif, c’est renoncer à l’une des rares voies de réconciliation nationale.
Un leadership en clair-obscur
Le paradoxe Tshisekedi est là : il se veut rassembleur mais divise ; il parle de paix tout en entretenant la méfiance ; il prétend agir par stratégie, mais semble souvent réagir sous la pression.
Chaque déplacement devient un exercice d’équilibrisme entre communication partisane et justification personnelle, où le chef de l’État s’explique plus qu’il ne gouverne.
Le prix du double langage
En politique, le mensonge peut être une arme, disait Machiavel. Mais mal manié, il devient un poison. Félix Tshisekedi, en multipliant les contradictions, fragilise non seulement son image, mais aussi la crédibilité de la fonction qu’il incarne.
Le Congo, lui, reste suspendu à ses promesses non tenues, à ses dialogues avortés, et à ses volte-face diplomatiques.
Face à un tel leadership, l’espérance congolaise semble condamnée à une interminable traversée du désert.
Et prêter oreille à Tshisekedi, aujourd’hui, c’est accepter d’avancer sur un chemin de croix politique, pavé de discours contradictoires et d’illusions renouvelées.
MAGLOIRE PALUKU
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